Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

tribulations d'une jeune médecin généraliste remplaçante

3 mai 2013

Qui a dit que les cordonniers étaient les plus mal chaussés?

Ca y'est depuis le temps que j'en avais envie ! Que j'y pensais! Que je me disais que je ne pourrai jamais faire aussi bien que tous les blogs de mes collègues que je lis! Et bien tant pis, finalement, j'ose... j'ose même si c'est mauvais! Besoin de me raconter. Une sorte de thérapie peut être, je ne sais pas comment on peut analyser cela!

La médecine, j'y baigne depuis que je suis toute petite. Avec un papa cardiologue et une maman infirmière ça ne pouvait être autrement. Mes parents ne parlaient pas médecine à la maison. Mais c'est moi qui en parlais. Je me souviens que ça m'a toujours passionnée. A 8 ans je voulais faire médecin légiste.... oui oui... je me demande bien ce qu'il m'est passé par la tête (peut être la faute à toutes ces séries policières! pourtant à l'époque c'était pas les experts!). Puis au lycée je savais que je voulais faire médecine. Coté patients vivants cette fois ci. Je n'avais pas d'idées propres sur la spécialité. Mais je voulais faire ça. Je n'osais pas en parler à mes parents... mon papa ne me poussait pas du tout à ça, au contraire je pense qu'il aurait aimé que je fasse autre chose. Mais bon, les chiens ne font pas des chats. J’ai finalement décidé de leur en parler, en terminale. C’est bien passé finalement.

P1, ouais bon moi qui aimais le par coeur j'étais servi ! Je n’aurai jamais pu faire 2 ans comme ça, heureusement une année a suffi, de peu ! Peut être que ça s'est joué sur un QCM à la noix sur la biologie cellulaire ou la bio mol... la chance était de mon coté cette année là.

Puis, les années fac s'ensuivent, sans encombre, même si je bossais pas mal, les soirées médecine, faluche, ce n’était vraiment pas mon truc... pour autant, je ne me suis jamais senti rejetée. Chacun son truc, mais les orgies ne m'intéressaient pas. 

Puis en D3, en pleine période de partiels, un événement inattendu et traumatisant pour moi m'est arrivé. Moi qui avait l'habitude des hôpitaux coté blouse blanche j'allais passé de l'autre coté... Mais en cette fin de mois de mai, je ne m'y attendais vraiment pas! Bon il y a bien ce souffle coupé que j'ai ressenti en allant prendre mon bus (ah oui je n’avais pas encore le permis, ça ne m'intéressait pas...), mais bon je me suis dit "ma grande arrête de stresser comme ça". Pas la première fois que je faisais une crise d'angoisse. J’ai passé la journée à la BU. Puis plus rien. 2 jours après pour le week end, valises à la main, ma soeur avec moi (ah oui j'avais oublié elle fait médecine aussi!) en montant les escaliers pour prendre le train, souffle coupé... mais vraiment... j'ai mis plus d'une demie heure à m'en remettre... j'en ai parlé à ma soeur... mais bon hormis ça je n'étais pas bleue, je n’étais pas trop tachycarde je me sentais pas trop mal. J’ai encore mis ça sur le compte de l'angoisse des partiels.... en rentrant vers 20h, toujours en montant les escaliers chez mes parents, encore essouflée... cette fois ça faisait beaucoup. Obligée de m'allonger sur le lit car la tète tournait... bon, on sait jamais, j'en parle à mon père. Pas trop tachycarde. Le manque de condition physique plus le stress me dit-il.... bon OK, je vais prendre un xanax alors... la nuit se passe... je dors... mais le lendemain rebelotte... en montant les escaliers toujours... ou en courant jouer avec mon chien.... cette fois je m'inquiète....pas que je sois hypochondriaque mais bon !  Mon père m'écoute... il me dit que si ça continue il m'emmènera à l’hôpital faire des examens. Soit. Le samedi je me repose, en révisant les partiels bien sur ! Le lendemain matin, je prends mon pouls ça va je devais être à 70/min quoi, et je descends les escaliers, pas trop de souci…. Par contre en les remontant après le petit déjeuner,rebelotte. De pire en pire, souffle coupé, jambes flageolantes, obligée de m’allonger…. J’étais toute seule là haut, je garde ça pour moi… après le repas du midi, je sors dans le jardin jouer avec le chien, impossible de trottiner 2 mètres et là sous les yeux de mes parents. Mon père me dit qu’il m’emmène tout de suite à l’hopital faire des examens, il est cardiologue hospitalier… seulement je ne veux pas…. Pis finalement après s’être battu il m’emmène…

J’arrive dans le service de cardiologie de l’hopital ou mon papa travaille. Le service est plein. Il se fait discret pour ne pas être happé par les patients ! Il m’emmène dans le secteur consultation. Là il fait un ECG. Conclusion : aucune anomalie, 80/min de pouls. Je pensais qu’on allait s’arrêter là… mais non il me fait une échographie et là je vois dans son regard que quelque chose l’intrigue…. Pression artérielle pulmonaire élevée. 35 mmHg je crois… un peu inquiet, et moi aussi il me fait faire un bilan, il me dit « comme ça on sera rassuré… ». Il s’attendait à ce que les D dimères soient négatifs…. Manque de bol 3700 pour une norme à 500…. Bon la CRP est un peu élevée à 30… Il me prescrit du Lovenox pour le soir … je n’avais pas envie de retourner faire d’autres examens surtout que mon père n’y croyait pas plus que ça à l’embolie pulmonaire. Et puis moi, le lendemain matin il fallait que je retourne sur grosse ville en train pour passer mes partiels ! J’avais 2 modules ce lundi. Le lundi matin je me sentais un peu mieux. Le Lovenox ? Quoi qu’il en soit, je retourne sur grosse ville en train, mais je vois à travers la vitre que mon père n’est pas rassuré… Il prépare quelque chose…. En arrivant à grosse ville mon téléphone sonne. C’est mon père : « bon j’ai réussi a t’avoir un rendez vous de scintigraphie dans une heure à la clinique… vas y on saura au moins. Je suis inquiet » Moi aussi. Mais je n’avais pas le temps d’y aller ! Il est 10h. Rendez vous à 11h et à 14h j’ai les partiels à la fac ! Quoiqu’il en soit je l’écoute, et je vais à la clinique qui n’était pas tellement loin de chez moi. Mais je me sentais bien moi ! Après 2 piquouzes de lovenox !!! Je n’ai pas tellement attendu à la scintigraphie. Je me vois encore sur cette table, pendant de longues minutes… puis la médecin nucléaire arrive, je vois son visage ça me fait peur…. « bon mademoiselle, vous avez effectivement une embolie pulmonaire bilatérale massive … il va falloir vous hospitaliser… ». Gros choc. Et tout de suite après je dis en essayant de me lever « ah non pas possible j’ai mes partiels, je ne peux pas les louper… ». Elle me rassure, en me disant qu’elle aussi était aller au rattrapage et blablabla…. Mais si je suis hospitalisée combien d’épreuves vais-je louper ??

Bon après des pleurs et des pleurs, et avoir eu mes parents au téléphone, mon papa vient me rejoindre dans l’après midi, je monte en brancard dans le service cardiologie. Une phrase m’a fait bondir sur le coup de la part d’une infirmière : « bonjour mademoiselle, ah bah ça va nous changer des papis et des mamies une jeune fille comme vous ! » No comment. Je suis en chambre seule… on me place des electrodes de partout. Hop, le pneumologue arrive pour les gaz du sang (effet shunt bien sur ! et au passage ça fait très très mal). Pas le temps de dire ouf, l’angiologue arrive pour l’echodoppler, et il trouve…. Rien… bah merde elle vient d’où alors cette saloperie d’EP ?

Finalement le lendemain j’ai eu un scanner TAP et la phlébite était pelvienne. S’ensuit la batterie d’examens, recherche de thrombophilie, recherche de cancers, j’ai eu droit à ma coloscopie quelques mois plus tard ayant une sœur qui a fait un cancer du colon a 20 ans. Bon rien tout normal. Je ne fume pas. Pas d’antécédents familiaux. Pas de thrombophilie. Rien ? bien si quand même !!! cette SATANEE PILULE DE QUATRIEME GENERATION, JASMINE, que je prenais depuis 29 mois.. il parait que y’a que la première année de dangereuse… ? me voilà donc sous previscan pour un an, mais j'ai eu du mal à l'arreter, sur le plan psychologique je n'arrivais pas à l'arreter. je l'ai arreté seulement en juillet 2012. Depuis je vis dans la crainte de refaire une EP. On m'a dit que j'avais eu beaucoup de chances, je le sais, mais cette année là je n'ai pâs pu passer mes examens, je suis tout le temps fatiguée, heureusement je n'ai pas de sequelles pulmonaires, mais des dilatations veineuses au niveau pelvien. Ies jambes lourdes, les douleurs pelviennes tout ça ça me connait. Et à la moindre douleur dans le mollet ou dans la poitrine hop je file au laboratoire doser les D dimeres. Heureusement ça n’arrive pas très souvent.

Plus de 4 ans après cet événement me traumatise toujours, et je remercie mon papa car sans lui je ne serai peut etre plus là… Qui a dit que les cordonniers étaient les plus mal chaussés ?

Publicité
Publicité
3 mai 2013

présentation !

un blog pour vous faire vivre mes experiences personnelles, anecdotes... quand j'étais interne, il y a peu ou depuis que je suis remplaçante. Mais mon premier billet, parlera de moi et d'une grosse tuile qui m'est arrivé. promis ça sera la dernière fois que je parle de moi !

bonne lecture! excusez le style !

Publicité
Publicité
tribulations d'une jeune médecin généraliste remplaçante
Publicité
Archives
Publicité